Exposition Zanele Muholi à la MEP, Paris
Exposition à la Maison Européenne de la Photographie du 1er février au 21 Mai 2023
La Maison Européenne de la Photographie (MEP) accueille l’exposition du.de la militant.e visuel.le Zanele Muholi pour sa première rétrospective en France, organisée par la Tate Modern (Londres, Royaume-Uni) en collaboration avec la MEP (Paris, France), le Gropius Bau (Berlin, Allemagne), le Bildmuseet (Umea, Suède) et le Kunstmuseum Luzern (Lucerne, Suisse).
Cette exposition majeure rassemble plus de 200 photographies, vidéos et installations créées depuis le début des années 2000 ainsi que de nombreux documents d’archives, et fait honneur à l’un·e des artistes les plus salué·es aujourd’hui.
Photographe et activiste sud- africain·e de renommée internationale, le travail de Muholi documente la vie de la communauté noire LGBTQIA+ et des individus qui la constituent. Sa démarche met en évidence de nombreuses réflexions liées aux questions d’identité et de militantisme politique. Dans le champ photographique, ces questionnements resonnent au-delà de leurs origines et de leur contexte particulier.
Zanele Muholi se définit comme « activiste visuel.le » et utilise l’appareil photo comme un outil contre les injustices. Depuis 1990, l’Afrique du sud connaît des changements sociaux et politiques importants avec l’abolition de l’Apartheid en 1994, suivie par l’établissement d’une nouvelle constitution en 1996 (la première au monde à interdire toute discrimination fondée sur l’orientation sexuelle). Cependant les personnes noires LGBTQIA+ restent la cible de violences et de préjugés ; et ce malgré ce progrès sociétal. Les photographies de Muholi montrent la diversité et la singularité des membres de la communauté, en mettant en avant leur courage et leur dignité face aux multiples discriminations.
Depuis sa formation au Market Photo Workshop (Johannesbourg) et à l’Université Ryerson (Toronto) Zanele Muholi ne se limite pas aux conventions de pratiques documentaires traditionnelles : son travail nous force à réfléchir et à réviser notre jugement sur la manière dont la représentation elle-même peut exclure certaines communautés et identités. Sa pratique du portrait illustre avec eloquence l’ambition et la capacité d’une approche qui vise à ne jamais laisser le public insensible ou indifférent.
Ces photographies encouragent le spectateur à interroger les idées reçues, elles créent un nouveau lexique d’images positives pour des communautés mal et sous-représentées. Privilégiant une approche collaborative l’artiste invite les personnes qu’iel photographie à être « des participant.es » actif.ves de l’oeuvre en déterminant le lieu, les vêtements et la pose adoptée pour la prise de vue. L’artiste tourne son objectif vers soi, ce qui interroge l’image de la femme noire dans l’Histoire.
« Les images que nous voyons reposent sur des oppositions qui nous ont été inculquées depuis longtemps (hétérosexuel·le/ homosexuel·le, masculin/féminin, africain/non africain). Dès la naissance, on nous apprend à intérioriser nos existences, oubliant parfois que lorsque les corps sont connectés, se lient, la sensualité va au-delà des compréhensions simplistes du genre et de la sexualité. »
L’action collective
Les visions collectives sont centrales dans le travail de Muholi ; ses photographies sont destinées à créer un sanctuaire où les gens peuvent se connecter et guérir ensemble. L’autonomie, le partage des compétences et le mentorat sont au cœur de la vie de Muholi. Qu’il s’agisse de documenter des événements publics comme les marches des fiertés et les manifestations, ou des moments privés comme les mariages et les funérailles, ces images constituent une archive visuelle exponentielle.
Elles suggèrent une autre façon de connaître et de préserver la communauté noire LGBTQIA+, en devenant un lieu « où nous faisons émerger nos propres récits qui vivent au-delà de nous » selon l’artiste.
La religion, la spiritualité et l’Église chrétienne sont autant de points communs pour de nombreux modèles présent·es dans cette exposition ; les cérémonies représentées ici sont souvent assurées par des pasteurs d’églises fondées spécifiquement pour et/ou par des personnes LGBTQIA+ en Afrique du Sud, qui offrent un espace de culte sûr pour celles.eux qui ont été rejeté·es par leur famille, leurs amis ou les lieux de culte traditionnels en raison de leur identité.
« Ma mission est de réécrire une histoire visuelle queer et trans noire de l’Afrique du Sud, pour sensibiliser le monde à notre résistance et à notre existence au plus fort des crimes de haine dans notre pays et ailleurs. »
Partage d’histoires
Dès ses débuts en tant qu’activiste, Muholi a cherché à enregistrer les témoignages et expériences directes des personnes noires LGBTQIA+. Leur donner une plateforme pour raconter leur histoire avec leurs propres mots a été un objectif au long cours pour l’artiste.
Une installation vidéo rassemble les interviews de huit personnes qui racontent leur expérience en tant que membres de la communauté LGBTQIA+ en Afrique du Sud, dont certain·es sont visibles dans Faces and Phases. Les entretiens ont été menés et produits par des collaborateur.rices de l’artiste, dont des membres d’Inkanyiso (qui signifie « lumière » en zoulou), un média queer fondé par Zanele Muholi en 2006. La devise de la plateforme est « Queer Activism = Queer Media » ; sa mission est de « produire, éduquer et diffuser des informations auprès de nombreux publics, en particulier ceux qui sont souvent marginalisés ou exhibés par les médias grand public ».
Zanele Muholi
01.02.2023 ‒ 21.05.2023
Maison Européenne de la Photographie
5-7 rue de Fourcy, 75004 Paris
Horaires
Mercredi et vendredi 11h – 20h
Jeudi 11h – 22h
Le week-end 10h – 20h
Tarif
Tarif entre 7 et 13 euros